Apres la Chine, nous avons decide de visiter le Laos. Ce petit pays d'Asie du Sud Est est peuple de seulement six millions d'habitants et est au demeurant l'un des pays les plus pauvres du globe. Le Laos n'a pas ete chanceux dans son histoire, tour a tour sous domination de ses voisins directs puis sous celle des francais, il ne fut guere epargne durant la guerre du vietnam ou les americains ont bombardes sans relache, neuf ans durant, le nord du pays. L'histoire recente a donc laisse des stigmates indelebiles dans le paysage laotien. L'architecture "a la francaise" a denature le style traditionnel des infrastructures mais ce n'est rien a cote des meurtrissures laissees par les avions americains. Aujourd'hui encore, chaque jour un enfant ou un paysan saute sur une bombe oubliee, souvenir rouille et infanticide de la boucherie des annee 60. Un genocide a retardement.
Il reste que ce pays offre des paysages epoustouflants et la fierte de ses habitants, souriants et genereux par nature, malgre leur histoire, nous touche beaucoup. Tout ceci fait du Laos une etape inoubliable de notre voyage.
Nous avons choisi d'explorer simplement une partie du pays, le Nord, qui offre des paysages montagneux couverts de jungle et quelques sites d'interet historique datant de l'antiquite a la guerre du Vietnam.
Notre arrivee dans le pays se fait via la ville d'Udomxai, a une centaine de km de la frontiere chinoise. Nous logeons dans une pension de famille tres agreable. Le premier soir nous sommes convies au diner familial. Nous faisons a ce moment la connaissance d'Inthawa, le fils de la proprietaire qui a appris le francais durant ses etudes a Vientiane, la capitale. Depuis il est professeur de medecine dans l'universite de la ville. Ce jeune homme tres sympathique nous initie a la culture laotienne. Nous degustons avec lui une pate d'iguane accompagnee de riz collant qui se mange avec les mains, ainsi que differents legumes epices. Son cousin Tan est pret a nous amenner le lendemain aupres d'Inthawa pour visiter les infrastructures de son ecole a quelques km du centre ville, dans la jungle. Apres avoir visite les quelques monuments de la ville, dont un superbe bouddha dore d'une dizaine de metres de haut, nous rencontrons un jeune moine parlant anglais avec qui nous bavardons avec grand plaisir. Il est l'heure de rejoindre le jeune professeur, nous enfourchons deux motos a l'arriere de Tan et de son ami direction l'universite. Nous sommes accueilli dans le bibliotheque par l'equipe pedagogique qui pose avec nous pour la photo. Ensuite, nous visitons la salle de classe, remplie de jeunes gens souriants et surpris. Nous sommes ravis. Le soir, nous defierons les etudiants lors d'une partie de petanque, le sport national, heritage de l'occupation francaise. En fin de soiree, nous avons droit a un passage au bar karaoke de la ville,en compagnie des etudiants. Apres cette excellente journee, il sera temps de faire nos adieux a Inthawa et Tan.
Le lendemain, nous prenons la route de Luang Prabang, la ville classee unesco aux 32 temples. En effet une fois arrives nous tombons sous le charme de cette ville ou coulent deux rivieres, ou les rues sont tres fleuries, ou il y a peu de voitures et ou les temples somptueux sont a tous les coins de rue. La ville est vraiment magnifique. Nous y restons quelques jours pour profiter de cette belle atmosphere. Magre tout, deux choses nous chagrinent et nous laissent une etrange impression sur cette ville. La premiere est la presence massive de touristes. En soit ca n'est pas si genant que ca, mais quand la plupart sont irrespectueux des habitants et des lieux, ca nous derange beaucoup plus! Par exemple : tous les matins, les moines de la ville se levent tres tot et traversent la ville a pied, a la queue et en silence, et mendient pour recevoir de la nourriture de la part des habitants de Luang Prabang. C'est un moment tres intense, et la il faut imaginer des touristes bruyants qui rigolent, derangent les moines jusqu'a se mettre dans la queue pour recevoir a manger et prennent des photos avec flash etc. La seconde chose, qui etait certainement inevitable me direz vous, est que les locaux n'ont plus les moyens financiers de se loger dans cette ville remplie de guesthouse et de restaurants pour occidentaux; du coup ils n'habitent plus en centre ville mais sont relegues en peripherie...c'est un peu derangeant...
Enfin, nous prenons la direction de Phonsavan, ville situee a une quinzaine de kilometre de la mythique plaine des jarres. Nous partons pour 10 h de bus local. Durant le trajet, les passagers secoues pas les virages ne manquent pas de rendre leur repas de riz collant par les fenetres, ajoutant du pittoresque au voyage. Nous sommes aux anges.
Phonsavan n'a pas vraiment d'interet si ce n'est la visite des sites archeologiques palpitants disperses dans la jungle alentours. Parmis eux se trouvent les sites des jarres, merveilles archeologiques du pays. Ces trois sites, situes dans des espaces vierges et vallonnes ont pour point commun de contenir par centaines d'immenses jarres en pierre, sculptees par l'homme il y a deux milles ans. Ces sites font penser aux alignements de menhirs bretons. On ne sait pas vraiment quelles utilites ont eu les jarres ni d'ou provient la pierre necessaire a leur realisation, le site est enigmatique et mystique. Pendant la guerre du vietnam, les jarres ont ensuite servis de planque aux soldats qui ont pilonnes les americains. Des traces de balles sont encore visibles sur certaines d'entre elles. Pour nous rendre aux sites, nous louons une moto chinoise, solution la plus economique. Nous partons en compagnie d'un couple de taiwanais et d'un chilien tres sympa. La moto nous permet de nous rendre sur des petits chemins et nous deambulons entre les buffles et les villages en bambous. Nous nous rendons egalement a une superbe cascade, apres avoir marche quelque peu dans la jungle au milieu des serpents et bestioles de tous poils. Nous visitons egalement une ville ancienne qui abrite une pagode recouverte de vegetation. On en prend une fois de plus plein les yeux!
Nous entreprenons ensuite un voyage en bus d'une dixaine d'heure qui nous menera dans la ville de Sam Neua, tres proche de la frontiere avec le Vietnam. Le trajet est epique, la route est toujours autant sinueuse mais la premiere moitie du chemin passe rapidement car nous rencontrons un couple de francais tres sympathique dans le bus. Un peu plus tard, alors qu'il nous reste theoriquement 2h de route, le bus s'arrete au milieu de nulle part...et c'est la panne! Pendant 3h le chauffeur tente tant bien que mal de reparer l'engin, mais rien n'y fait. C'est donc a la tombee de la nuit qu'un second bus arrive et nous emmenne au lieu de notre destination, sauves!
Le lendemain nous louons de nouveau une moto pour nous rendre aux grottes qui ont servi d'abrit aux locaux pendant la guerre du Vietnam. C'est dans ces grottes que le parti du peuple laotien, de tendance communiste revolutionnaire, dirigeat la guerria contre les usa pendant une dizaine d'annee. L'endroit est charge d'histoire et nous emeut. Le laos, et ce n'est pas chose connue de tous, a joue un role majeur durant la guerre dite du vietnam, ne l'oublions pas. Apres ces visites, nous ne l'oublierons jamais.
De retour a Sam neua,nous prenons un bus qui nous emmenera a Tanh Hoa au Vietnam...pour de nouvelles aventures.
De Hue (Vietnam), le 28 juillet 2012